Le terme « chabadabada » trouve ses racines dans le monde de la musique jazz. Il désignait à l’origine un motif rythmique répétitif, souvent joué sur la cymbale ride, créant une sorte d’onomatopée évoquant un son percussif et régulier. Cette figure musicale, simple et efficace, a rapidement dépassé le cadre du jazz pour s’imposer dans le langage courant.
2. Une allitération célèbre : « Un homme et une femme »
Parallèlement, le cinéma français a popularisé une autre forme de « chabadabada ». La chanson éponyme du film de Claude Lelouch, « Un homme et une femme », sortie en 1966, est devenue un classique. Composée par Francis Lai sur des paroles de Pierre Barouh, elle est notamment célèbre pour son refrain répétitif : « Da ba da ba da, ba da ba da ba ». Cette séquence d’onomatopées, bien que légèrement différente du « chabadabada » musical, a contribué à ancrer ce terme dans la culture populaire.
3. L’émergence du « chabadabada » politique
Le terme « chabadabada », initialement une onomatopée issue de la célèbre chanson « Un homme et une femme » de Francis Lai, a rapidement trouvé une nouvelle résonance dans le contexte politique français. Depuis l’adoption de la loi sur la parité en 2000, il est couramment employé pour désigner les listes électorales où hommes et femmes s’alternent, conformément à la loi n° 2000-493. Cette alternance rythmée, rappelant la structure musicale de la chanson de Lai, est souvent perçue comme artificielle et mécanique, d’où l’utilisation de cette onomatopée pour qualifier ces listes. Comme le souligne Pierre Tremblay dans son article, ce lien entre la culture populaire et la politique est particulièrement frappant. Le « chabadabada » musical est ainsi devenu une métaphore de la parité politique, soulignant à la fois l’alternance et le caractère parfois artificiel de cette mesure.
4. Une métaphore de la parité
En politique, “chabada-bada” ou “chabadabada” désigne une liste électorale alternant systématiquement un homme et une femme, assurant ainsi la parité. Cette expression a été popularisée par Michel Rocard lorsqu’il a proposé une liste pour les élections européennes.
Le « chabadabada » politique est donc devenu une métaphore de la parité imposée par la loi. Cette expression, souvent utilisée avec une connotation ironique, souligne l’aspect formel et répétitif de cette alternance. Elle met en évidence la difficulté de concilier les exigences de la représentation équilibrée des sexes avec les réalités politiques et les aspirations des candidats.
5. Un terme polyvalent et évolutif
Au-delà de ces deux significations principales, le terme « chabadabada » a acquis un sens plus général. Il désigne toute suite de motifs répétitifs, toute alternance régulière, qu’elle soit musicale, linguistique ou même visuelle. Cette polyvalence témoigne de la richesse et de la flexibilité de la langue française, qui sait s’adapter aux évolutions de la société et aux nouveaux concepts.
Chabadabada : une évolution sémantique fascinante
En somme, le terme “chabadabada” illustre parfaitement l’évolution sémantique d’un mot au fil du temps. Partant d’une simple onomatopée musicale dans le jazz, il a traversé les frontières de la musique pour s’ancrer dans la culture populaire grâce au cinéma. Ensuite, il a trouvé une nouvelle vie dans le domaine politique, symbolisant l’alternance imposée par la loi pour promouvoir la parité. Aujourd’hui, “chabadabada” est devenu un terme polyvalent, désignant toute forme de répétition régulière, qu’elle soit musicale, linguistique ou visuelle. Cette richesse et cette flexibilité témoignent de la capacité de la langue française à s’adapter et à évoluer avec les changements sociétaux.