Elisabeth Borne dévoile sa stratégie pour le le fret ferroviaire en France : des infrastructures modernisées et performantes

Le fret ferroviaire, un enjeu économique et écologique

Le fret ferroviaire en France est d’une importance capitale pour la France, tant sur le plan économique qu’écologique. Il permet de transporter des marchandises de manière efficace, sûre et respectueuse de l’environnement. Pourtant, il souffre depuis des années d’un déclin continu, face à la concurrence du transport routier, plus souple et moins coûteux. Comment inverser la tendance et relancer le fret ferroviaire en France ? C’est l’objectif que s’est fixé Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique, qui a présenté sa stratégie nationale pour le fret ferroviaire en septembre 2021.

Cette stratégie repose sur trois axes principaux : la modernisation du réseau ferré, le soutien aux acteurs du secteur et la promotion du fret ferroviaire auprès des clients. Elle s’inscrit dans le cadre du plan de relance européen, qui vise à faire du fret ferroviaire un levier de la transition écologique et de la relance économique. Elle prévoit un investissement de 1 milliard d’euros sur 10 ans, qui doit permettre de rénover les lignes les plus stratégiques pour le fret, de développer les autoroutes ferroviaires, d’améliorer la fluidité du trafic et de simplifier l’accès au réseau.

La ministre a également annoncé la création d’un comité national du fret ferroviaire, qui réunira les acteurs publics et privés du secteur, afin de définir les priorités et les actions à mener. Elle a également affirmé sa volonté de renforcer la coopération avec les partenaires européens, notamment dans le cadre des corridors européens de fret. Elle a enfin souligné l’importance de sensibiliser les clients potentiels aux avantages du fret ferroviaire, en termes de coût, de sécurité et d’empreinte carbone.

La modernisation du réseau ferré, le pilier de la stratégie d’Elisabeth Borne

La stratégie d’Elisabeth Borne repose sur un principe clair : moderniser et régénérer le réseau ferré, qui est la condition sine qua non pour rendre le fret ferroviaire plus attractif et compétitif. En effet, le réseau ferré français souffre d’un vieillissement et d’un manque d’entretien, qui entraînent des ralentissements, des incidents et des coûts supplémentaires pour les opérateurs ferroviaires. Pour y remédier, la ministre a annoncé un plan de relance de 1 milliard d’euros sur 10 ans, qui vise à rénover les lignes les plus stratégiques pour le fret, à développer les autoroutes ferroviaires, à améliorer la fluidité du trafic et à simplifier l’accès au réseau.

Ce plan de relance s’appuie sur les travaux du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), qui a identifié les besoins prioritaires en matière de fret ferroviaire. Il prévoit notamment de réhabiliter les lignes capillaires, qui relient les sites industriels au réseau principal, de moderniser les terminaux de chargement et de déchargement, de renforcer la sécurité et la fiabilité du réseau et de déployer le système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS). Il vise également à soutenir le développement des autoroutes ferroviaires, qui permettent de transporter des camions par le rail sur de longues distances, en réduisant les émissions de CO2 et les nuisances sonores.

La modernisation du réseau ferré est donc le pilier de la stratégie d’Elisabeth Borne pour le fret ferroviaire. Elle doit permettre de réduire les coûts d’exploitation, d’améliorer la qualité de service, de diversifier l’offre et de répondre aux attentes des clients. Elle doit aussi contribuer à atteindre les objectifs environnementaux, en favorisant le report modal du transport routier vers le transport ferroviaire. Elle s’inscrit enfin dans une vision à long terme, qui vise à faire du fret ferroviaire un atout pour la compétitivité et la souveraineté de la France.

fret ferroviaire

La stratégie d’Elisabeth Borne s’inscrit dans une logique européenne

La stratégie d’Elisabeth Borne s’inscrit également dans une logique européenne, qui vise à faire du fret ferroviaire un levier de la transition écologique et de la relance économique. Dans le cadre du Green Deal, l’Union européenne s’est fixé comme objectif de réduire de 90% les émissions du secteur des transports d’ici 2050, ce qui implique une hausse de 50% du trafic ferroviaire de marchandises d’ici 2030. Pour y parvenir, l’Europe prévoit un plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros sur 10 ans, qui doit permettre de renforcer les infrastructures transfrontalières, de créer des corridors européens de fret et de favoriser l’interopérabilité des systèmes ferroviaires.

La ministre a souligné l’importance de la coopération avec les partenaires européens, notamment dans le cadre des corridors européens de fret, qui sont des axes prioritaires pour le développement du fret ferroviaire à l’échelle continentale. Elle a cité l’exemple du corridor Atlantique, qui relie le Portugal à la France en passant par l’Espagne, et qui a bénéficié d’un financement européen de 1,8 milliard d’euros pour améliorer ses infrastructures et ses services. Elle a également évoqué le projet du Lyon-Turin, qui doit permettre de relier la France à l’Italie par un tunnel ferroviaire sous les Alpes, et qui est considéré comme un projet stratégique pour le fret ferroviaire européen.

La ministre a également rappelé que la France soutenait les initiatives européennes visant à harmoniser les règles et les normes du fret ferroviaire, afin de faciliter les échanges et la concurrence entre les opérateurs. Elle a notamment mentionné la mise en place du quatrième paquet ferroviaire, qui vise à créer un espace ferroviaire unique européen, en renforçant le rôle de l’Agence ferroviaire européenne (AFE) et en ouvrant le marché intérieur du rail. Elle a aussi plaidé pour une harmonisation fiscale et sociale au niveau européen, afin de réduire les distorsions entre les modes de transport et de favoriser le report modal vers le fret ferroviaire.

La stratégie d’Elisabeth Borne est-elle suffisante ?

La stratégie d’Elisabeth Borne est-elle suffisante pour redresser le fret ferroviaire en France ? Pas selon certains acteurs du secteur, qui estiment que la modernisation du réseau ne suffit pas à compenser les handicaps structurels du fret ferroviaire par rapport au transport routier. Ils réclament notamment des aides à l’exploitation, une baisse des péages ferroviaires, une harmonisation fiscale et sociale au niveau européen et une meilleure prise en compte des externalités négatives du transport routier. Ils s’inquiètent également du projet de restructuration de Fret SNCF, la filiale fret du groupe public, qui prévoit de se séparer de 80% de son activité et de ses effectifs.

Ces acteurs sont notamment représentés par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), qui a publié un rapport critique sur la stratégie d’Elisabeth Borne en octobre 2021. Selon ce rapport, la modernisation du réseau ferré est nécessaire mais insuffisante, car elle ne résout pas les problèmes de rentabilité, de compétitivité et de qualité du fret ferroviaire. Le rapport préconise donc des mesures complémentaires, telles que la création d’un fonds de soutien au fret ferroviaire, la réduction des charges sociales et fiscales pesant sur le secteur, la mise en place d’une écotaxe sur le transport routier et la création d’un guichet unique pour faciliter l’accès au réseau.

Le rapport de la Fnaut rejoint les revendications des syndicats de cheminots, qui dénoncent le projet de restructuration de Fret SNCF, qui doit être mis en œuvre à partir de 2022. Ce projet prévoit de scinder Fret SNCF en deux entités : une société anonyme à capitaux publics, qui conservera 20% de l’activité et 2 000 salariés, et une filiale à 100% de SNCF Réseau, qui reprendra 80% de l’activité et 4 000 salariés. Les syndicats craignent que ce projet ne conduise à une casse sociale et à une perte de savoir-faire, et qu’il ne remette en cause le statut des cheminots. Ils appellent donc à un moratoire sur le projet et à une concertation avec les pouvoirs publics.

Le fret ferroviaire en France a encore de l’avenir

La stratégie d’Elisabeth Borne est donc à la fois une actualité brulante et un pari audacieux, qui repose sur l’hypothèse que le fret ferroviaire en France peut retrouver sa compétitivité grâce à un réseau performant et adapté aux besoins des clients. Elle implique également une forte mobilisation des acteurs publics et privés, qui doivent s’engager dans une démarche partenariale et collaborative. Elle nécessite enfin une vision à long terme, qui dépasse les intérêts immédiats et les logiques sectorielles. Le fret ferroviaire en France a encore de l’avenir, mais il doit se réinventer pour relever les défis du XXIe siècle.

Pour illustrer ce propos, nous allons vous présenter quelques exemples de réussites et de bonnes pratiques qui montrent que le fret ferroviaire en France n’est pas condamné à l’échec. Il existe en effet des initiatives innovantes et des projets ambitieux qui témoignent du dynamisme et du potentiel du secteur. Ces exemples concernent aussi bien les opérateurs ferroviaires que les chargeurs, les gestionnaires d’infrastructures ou les collectivités territoriales.

Parmi ces exemples, on peut citer le projet Train 21, porté par la société Euro Cargo Rail (ECR), filiale du groupe allemand Deutsche Bahn. Il s’agit d’un train de fret 100% électrique, qui circule entre la France et l’Allemagne, en utilisant des locomotives hybrides capables de s’adapter aux différentes tensions électriques. Ce train permet de réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport à un transport routier équivalent, tout en offrant une capacité de transport de 2 000 tonnes et une vitesse maximale de 120 km/h. Le projet Train 21 a été lancé en 2021 et a déjà transporté plus de 100 000 tonnes de marchandises entre les deux pays.

Un autre exemple est le projet OFP Atlantique, porté par la société Opérateur Ferroviaire de Proximité (OFP) Atlantique, qui propose des services de fret ferroviaire sur mesure aux entreprises situées dans le Grand Ouest. Il s’agit d’un opérateur ferroviaire privé, qui utilise les lignes capillaires du réseau ferré national pour desservir les sites industriels et logistiques de ses clients. Il offre ainsi une solution flexible, économique et écologique aux chargeurs, qui peuvent ainsi optimiser leur chaîne logistique. Le projet OFP Atlantique a été créé en 2009 et compte aujourd’hui plus de 50 clients dans des secteurs variés comme l’agroalimentaire, la chimie ou le recyclage.

Un troisième exemple est le projet Railenium, porté par l’Institut de recherche technologique (IRT) Railenium, qui est un centre d’excellence dédié à la recherche et à l’innovation dans le domaine ferroviaire. Il regroupe des acteurs publics et privés, comme SNCF Réseau, Alstom, Siemens ou l’Université de Valenciennes. Il dispose d’un site d’expérimentation unique en Europe, situé à Valenciennes, où il teste des technologies innovantes pour le fret ferroviaire, comme le train autonome, la maintenance prédictive ou la digitalisation du réseau. Le projet Railenium a été lancé en 2012 et bénéficie d’un financement de 550 millions d’euros sur 10 ans.

Ces exemples montrent que le fret ferroviaire en France n’est pas un secteur moribond, mais qu’il est au contraire source d’innovation et d’opportunités. Ils témoignent également de la diversité et de la richesse des acteurs du secteur, qui sont capables de s’adapter aux besoins du marché et aux enjeux environnementaux. Ils illustrent enfin la complémentarité et la synergie entre les niveaux national et européen, qui sont indispensables pour faire du fret ferroviaire un mode de transport performant et durable.

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Moi, Lucas

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